L’Oumigmag et Cornouailles
Un film de Pierre Perrault
Séance présentée par Caroline Zéau, coprésidente de l’association Périphérie, docteure en cinéma et spécialiste de l’histoire et de l’esthétique du cinéma documentaire et du cinéma direct canadien
L’Oumigmag
ou l’objectif
documentaire
de Pierre Perrault
Canada/1993/couleur/28’
Du fond de la baie aux Feuilles, elle-même au creux de la baie d’Ungava, au solstice d’été, un cinéaste fait le guet. Sa caméra balaie la toundra, à la recherche d’une harde de bœufs musqués refusant obstinément de se faire cible d’un objectif… fût-il documentaire. Un film qui illustre la pensée d’un humaniste insatiablement curieux des choses, des êtres et des lieux.
Cornouailles
de Pierre Perrault
Canada/1994/couleur/52’
Documentaire du maître du cinéma direct, où l’image, les mots et la musique se conjuguent en un extraordinaire récit poétique. Le cinéaste a planté sa caméra durant 120 jours à quelques kilomètres du pôle Nord, dans la vallée laineuse de la terre d’Ellesmere. Patiemment, il a attendu l’affrontement inévitable entre deux rivaux en quête d’un même territoire : deux bœufs musqués qui entreront finalement en lutte à la tombée du jour. Ils rugissent, chargent, emmêlent leurs cornes, se repoussent et chargent de nouveau. Jusqu’à ce que le vainqueur prenne calmement possession de son troupeau.
« Ce film – le dernier de Pierre Perrault – a été tourné sur la terre d’Ellesmere, cette immense île située dans l’océan Arctique, aux confins du territoire québécois, là où contre vent et froidure vivent encore et toujours les bœufs musqués, métaphore suprême de la résistance millénaire d’une race qui ne sait pas mourir. Ultime refuge pour exprimer l’hiver d’un pays qui, comme le bœuf musqué, dure depuis la nuit des temps nordiques, ce film traduit la pensée du cinéaste et poète Pierre Perrault. […] Un film sans être humain et sans paroles, sinon celle d’un cinéaste qui a consacré sa vie à filmer la parole des autres. Loin, très loin, des documentaires animaliers, ce film est plutôt le fruit d’une imposante réflexion sur le pays et sur l’occupation du territoire, le point culminant d’une œuvre cinématographique et littéraire entièrement dédiée à mettre au monde un pays qui l’a vu naître. »
Denys Desjardins, Office National du Film du Canada