Becoming Animal

Un film de Peter Mettler et Emma Davie

Né d’une collaboration avec le philosophe environnementaliste américain David Abram, le film questionne les rapports distendus entre le monde des animaux, des humains et de la nature. Être révélé à soi par des relations à inventer, à expérimenter, telle est la quête de cet essai réconfortant dont les images et les sons appellent la meilleure attention.

« Dans Becoming Animal, les trois explorateurs de l’imperceptible tendent leur objectif comme l’escargot son œil pédonculé, leurs micros comme l’orignal son oreille duveteuse pour voir le vent dans les branches, pour écouter réer les grands cerfs au fond des bois, pour décrypter le langage de la terre que nous connaissions à l’aube de l’humanité mais que nous avons cessé de parler. Le monde se réenchante à l’écran. Les saumons escaladent une cascade, une feuille morte s’impose comme “un signe de vie”, le gastéropode se déplie lentement, majestueusement, avec la grâce d’un soleil levant, l’arbre conserve l’empreinte de la bourrasque dans ses ramures… “Les animaux sont plus actifs que nous. Ils pensent avec l’entier de leurs corps, rappelle David Abram. Quand j’observe un animal, ma sensibilité est liée à la sienne ; quand je touche un arbre, l’arbre me touche.” Pendant ce temps, les êtres humains, dont on aperçoit de lointaines silhouettes d’aliens perdues dans le brouillard des sources chaudes, happés par les artefacts qu’ils ont créés, esclaves du scintillement de leurs écrans, ne ressentent plus les vibrations du monde sensible. “On dit que les gens ressemblent à leur chien ; en fait ils ressemblent à leur voiture”, constate l’écologiste. Coupés de leurs racines, aveugles à la beauté du monde, sourds aux voix anciennes, ils érigent devant leurs commerces de dérisoires totems où le bison côtoie le dinosaure et roulent sans voir ces deux corbeaux qui se câlinent sur le talus. »
Antoine Duplan, Le Temps, 21  mars 2019

Réalisateur et directeur de la photographie suisse-canadien, Peter Mettler fait partie des talents les plus remarquables nés de la « nouvelle vague de l’Ontario » dans les années 1980. Il est surtout connu pour sa capacité à brouiller les frontières esthétiques entre le film documentaire, le film expérimental et le film de fiction. À travers des films plus ou moins narratifs tels que Gambling, Gods and LSD et The End of Time, montrés respectivement en 2010 et 2013 aux Journées cinématographiques, Peter Mettler utilise toute la technologie cinématographique dont il dispose pour aborder des sujets tels que la protection de l’environnement, les aurores boréales ou encore l’omniprésence des images dans notre monde contemporain. Il a collaboré avec de nombreux artistes tels que Neil Young, Atom Egoyan, Fred Frith et Jim O’Rourke.

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Séances

  • Festival Scope : accès aux films| mercredi 17 mars 2021 - 20H00

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  • Vimeo : accès aux rencontres| mercredi 17 mars 2021 - 21H30 | VO/VF

    Rencontre avec Peter Mettler - Becoming Animal

    Regarder

    Entretien filmé disponible à partir du 17/03/2021